Je suis Aurore Halpert, la troisième d’une portée de 5 enfants, pile au milieu, pile entre les filles et les garçons… (de quoi se poser des questions). Fille de 2 parents exilés, l’un du grand Est et l’autre du grand Sud, j’ai passé mon enfance à déménager plus que régulièrement. Finalement, depuis quelques temps la Touraine, encore plus Tours, m’a accueillie. Ni trop chaud ni trop froid, avec le plus beau des fleuves, des gens sympas et une vie culturelle (quand même !), moi je dis ça me va !

J’ai suivi les traces du père (éternel entrepreneur) mais dans la version artistique. J’ai toujours gribouillé, peinturluré etc, j’ai monté plein de petits projets artistiques/commerciaux/sociaux, je fais 15 choses en même temps, je démarre/avorte/clôture/poursuit constamment. Ça bouillonne quoi.


J’ai commencé ma série de masques au crochet en 2017. Mais mais mais, j’ai démarré le crochet vers 2013 et les masques me hantent depuis un moment déjà… Je cherchais à allier les vêtements/le textile (j’ai fait un BTS design de mode) avec l’art, et le crochet est une super technique pour créer du volume en textile de manière très libre ! Et la cerise sur le gâteau : j’ai gagné en patience, car pour crocheter il vaut mieux en avoir en réserve !

Partant d’une envie d’utiliser le textile comme matériau artistique, j’en suis donc venue au crochet. À cela s’est ajouté le besoin irrépressible d’allier le corps et l’art, je voulais intervenir sur l’humain en le transformant, en lui donnant un nouvel aspect, une nouvelle lecture. Les masques me fascinent depuis quelques années déjà, mais je n’avais jamais vraiment sauté le pas et un jour ça m’a paru évident. J’ai passé des mois à faire tout un tas de masques au crochet, des sortes de monstres multicolores, mi-animaux/mi-végétaux. J’utilise des couleurs vives, douces, franches et fluos – ces-dernières réagissant à la lumière noire (UV), elles créent une deuxième lecture de mes masques.

Les masques sont comme un lien entre le divin et l’humain. Il est pour moi une sorte de sur-humain, il rend anonyme et donne un pouvoir au masqué. Il y a quelque chose de fantastique à voir ses créations prendre vie. Les masques, une fois portés, m’échappent réellement, ils deviennent des entités vivantes, ni humain ni animal, autre chose… Ils permettent d’exagérer une caractéristique, d’agir comme nous n’oserions pas. Les masques, dans de nombreuses cultures, servent à représenter ce à quoi l’homme n’a pas accès : bien souvent des divinités ou des forces de la nature, et les porteurs sont des personnes privilégiées avec un statut particulier. C’est toute une magie que j’aime travailler.


Je travaille de plus en plus en collaboration avec des photographes à l’univers fort afin de pousser au plus loin l’atmosphère, l’identité de mes masques – comme avec Isol Buffy par exemple, avec qui j’ai déjà réalisé 3 collaborations, ou Matthieu Fays qui a dédié une famille (de sa série des “7 familles”) à mes masques. Je cherche de plus en plus à mettre en place des costumes, des parures afin d’intervenir entièrement sur le corps et non plus uniquement sur le visage.